
Quand la BKC masque une ectasie : révélations topographiques chez l’enfant
PEDIATRICS & STRABISMUS Los Angeles – Derrière une blépharokératoconjonctivite (BKC) sévère peut parfois se dissimuler une ectasie cornéenne. C’est ce que montre une étude menée à Los Angeles, portant sur 21 enfants suivis entre mars 2008 et juin 2019. Raul Plasencia Salini, du département d’ophtalmologie de l’Université de Californie à Los Angeles, États-Unis, et son équipe internationale ont analysé rétrospectivement les topographies cornéennes de patients atteints de BKC modérée à sévère. L’étude s’est penchée sur la kératométrie, la pachymétrie et divers indices d’asymétrie cornéenne.
Les valeurs moyennes observées pour la kératométrie plate (K1), raide (K2), maximale (Kmax) et pour l’astigmatisme topographique (TA) étaient respectivement de 42,61 ± 2,63 D, 46,00 ± 3,17 D, 51,00 ± 5,29 D et 3,39 ± 2,60 D. L’épaisseur centrale moyenne de la cornée (CCT) atteignait 528,8 ± 72,2 μm, tandis que le point le plus mince (TP) mesurait en moyenne 487,00 ± 88,28 μm. Près de la moitié des yeux (47 %) présentaient un TP inférieur à 500 μm.
Comparés aux valeurs pédiatriques de référence, les enfants atteints de BKC affichaient des valeurs significativement plus élevées de K2, de Kmax et de TA, et significativement plus faibles pour la CCT et le TP (p < 0,0001). Selon les critères de Rabinowitz, 72,2 % des cas répondaient aux critères diagnostiques d’ectasie cornéenne, dont 67 % avec un Kmax > 47,2 D et 31 % avec une asymétrie inféro-supérieure > 1,2 D. Les indices dérivés de la topographie – tels que l’indice de hauteur décentrée, l’indice de variance de surface et l’indice d’asymétrie verticale – étaient anormaux dans 83 %, 69 % et 64 % des cas respectivement.
L’étude, parue dans le numéro de février 2025 du JOURNAL OF THE AMERICAN ASSOCIATION FOR PEDIATRIC OPHTHALMOLOGY AND STRABISMUS, souligne que la BKC modérée à sévère peut masquer des altérations cornéennes structurelles imitant une ectasie, rendant la topographie essentielle pour évaluer l’atteinte cornéenne et interpréter les troubles visuels liés aux modifications réfractives. (um)
Auteurs : Plasencia Salini R, Boghosian T, Khalili S, Mireskandari K, Ali A, Fung SSM. Correspondance : Dr. Simon S. M. Fung, MD, FRCOphth, Department of Ophthalmology, University of California San Francisco, San Francisco, CA 94158, USA. E-mail : simon.fung@ucsf.edu Étude : Topographic corneal changes in children with moderate to severe blepharokeratoconjunctivitis. Source : J AAPOS. 2025 Feb;29(1):104108. doi: 10.1016/j.jaapos.2025.104108. Epub 2025 Jan 23. PMID: 39863269. Web : https://www.jaapos.org/article/S1091-8531(25)00006-0/fulltext