Vers une meilleure sélection des patients atteints de déficience intellectuelle pour la chirurgie du glaucome

GLAUCOMA Oak Ridge – Aux États-Unis, Mitchell G. Nash, du service d’ophtalmologie de The Eye Center of Oak Ridge, dans le Tennessee, accompagné de ses collègues Joseph G. Parrish, de l’Université de Floride à Gainesville, et David Fleischman, de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, a conduit une étude visant à définir des critères objectifs de sélection pour la chirurgie du glaucome chez les patients atteints de déficience intellectuelle.

Les personnes concernées présentent en effet une prévalence accrue de glaucome, sans qu’il n’existe à ce jour de recommandations systématiques concernant l’indication chirurgicale dans ce groupe particulier. Sur la base d’une revue de la littérature et d’une série rétrospective de patients traités dans leur centre, les auteurs ont élaboré une approche structurée pour mieux identifier les candidats opératoires.

Ils ont analysé rétrospectivement les dossiers de 114 patients atteints de déficience intellectuelle associée à un glaucome ou à une hypertension oculaire, pris en charge au UNC Eye Center entre 2004 et 2017, avec un suivi moyen de 7,5 ± 6,1 ans. Ont été pris en compte le type de glaucome, le degré de déficience, les procédures réalisées, les réinterventions, les complications et les besoins postopératoires. En parallèle, une revue de la littérature a permis d’identifier 39 publications, dont cinq ont été jugées cliniquement pertinentes. Elles ont servi de base à l’élaboration d’un schéma décisionnel inspiré de modèles développés pour d’autres interventions oculaires chez les personnes avec déficience intellectuelle.

Parmi les patients inclus, 39,5 % ont bénéficié d’au moins une intervention chirurgicale (implants valvulaires, trabéculectomies, cyclophotocoagulation, énucléations). Vingt pour cent ont nécessité plus d’une procédure. Un contrôle satisfaisant de la pression intraoculaire a été obtenu sans traitement complémentaire dans 80 % des cas, tandis que 20 % ont nécessité une poursuite thérapeutique. Le taux de complications est resté faible : deux cas de traumatisme (1,8 %) et une énucléation après endophtalmie.

L’analyse par sous-groupes montre que les patients jeunes atteints de glaucome congénital ont été opérés plus fréquemment (44,8 % contre 17,7 %). La sévérité de la déficience intellectuelle et l’avancement du glaucome étaient associés à une probabilité plus élevée d’intervention. La nécessité d’une sédation pour les examens postopératoires augmentait également avec la gravité de la déficience, atteignant jusqu’à 58 % dans les formes les plus sévères.

Sur la base de ces données, les auteurs proposent un système d’évaluation intégrant la progression visuelle, la sévérité de la déficience, l’environnement de soins et la faisabilité du suivi postopératoire. Ce modèle vise à orienter de manière rigoureuse la sélection des patients susceptibles de bénéficier d’une chirurgie du glaucome. Il s’agit là d’une première tentative structurée dans ce domaine spécifique, qui pourrait contribuer à améliorer la prise en charge future de cette population.

Publiée en juin 2025 dans le JOURNAL OF OPHTHALMOLOGY, cette étude propose de nouveaux critères de sélection adaptés à une population souvent négligée dans les recommandations actuelles. (um)

Auteurs : Nash MG, Parrish JG, Fleischman D. Correspondance : David Fleischman, Department of Ophthalmology, University of North Carolina at Chapel Hill, Chapel Hill, North Carolina, USA. E-mail : david_fleischman@med.unc.edu Étude : Treating Glaucoma in Intellectually Disabled Patients: Novel Criteria for Choosing Surgical Candidates. Source : J Ophthalmol. 2025 Jun 9;2025:9752978. doi: 10.1155/joph/9752978. PMID: 40524952; PMCID: PMC12170069. Web : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1155/joph/9752978

COMMENTAIRE Sujet passionnant que celui de la prise en charge des patients présentant une déficience intellectuelle — un enjeu transversal à toutes les maladies chroniques. Dans le cas présent, l’étude propose essentiellement des options chirurgicales ainsi qu’une grille de critères permettant d’optimiser les indications et le suivi postopératoire chez ces patients atteints de glaucome.
Auteur : Dr méd. Lorenz Kuske, Centre d’ophtalmologie de Lucerne, co-directeur médical, médecin-chef du service du glaucome