Comparaison de la confiance des patients dans les grands modèles linguistiques versus urologues

MISCELLANEOUS Heidelberg – Les grands modèles linguistiques (LLM, Large Language Models), tels que ChatGPT, sont de plus en plus utilisés en médecine. Des études antérieures ont déjà montré qu’ils sont au moins aussi performants, voire supérieurs aux experts humains pour répondre à des questions médicales. Il est probable que les LLM remplacent à l’avenir les moteurs de recherche classiques comme source principale d’informations médicales sur Internet pour les patients. Toutefois, les données sur l’interaction entre les patients et les LLM ou l’intelligence artificielle (IA) restent limiteées et proviennent principalement de petites études. De plus, peu de patients ont eu une expérience clinique personnelle avec l’IA.

L’étude présentée par Nicolas Carl et al., du groupe de travail Digital Biomarkers for Oncology au Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ) à Heidelberg, a examiné la confiance des patients envers l’IA, notamment les LLM, après une interaction directe avec un chatbot dans un environnement clinique. Au total, 300 patients prévus pour une consultation urologique ont été inclus dans l’étude. La période de recrutement s’est étendue de février à juillet 2024. Les participants ont interagi volontairement avec un chatbot basé sur GPT-4 pour poser leurs questions médicales, puis ont répondu à une enquête évaluant leur confiance dans les capacités cliniques de l’IA par rapport à leurs urologues traitants. Les compétences évaluées incluaient la prise d’antécédents, le diagnostic, la recommandation de traitement, la réduction de l’anxiété et le temps consacré à la consultation. L’âge médian des 292 participants ayant complété l’étude était de 64 ans.

Les auteurs ont publié leurs résultats en octobre 2024 dans la revue EUROPEAN UROLOGY OPEN SCIENCE. Ils ont observé que, à l’exception du temps de consultation offert (p < 0,001), les patients préféraient l’urologue humain dans toutes les autres catégories étudiées, en particulier pour les recommandations de traitement et la réduction de l’anxiété. Il est intéressant de noter que l’âge des patients n’avait aucune influence sur leur confiance envers l’IA. (fa/um)

Auteurs : Carl N, Nguyen L, Haggenmüller S, Hetz MJ, Winterstein JT, Hartung FO, Gruene B, Kather JN, Holland-Letz T, Michel MS, Wessels F, Brinker TJ. Correspondance : Titus Josef Brinker, Digital Biomarkers for Oncology Group, German Cancer Research Center (DKFZ), Im Neuenheimer Feld 223, 69120 Heidelberg, Germany. E-mail : titus.brinker@dkfz.de Étude : Comparing Patient’s Confidence in Clinical Capabilities in Urology: Large Language Models Versus Urologists. Source : Eur Urol Open Sci. 2024 Oct 23;70:91-98. doi: 10.1016/j.euros.2024.10.009. PMID: 39507511 ; PMCID: PMC11538625. Web : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666168324010942

COMMENTAIRE Les résultats de cette étude confirment une préférence générale pour l’IA en tant qu’outil d’assistance, mais non en tant que décideur autonome. Cela souligne la valeur irremplaçable des aspects humains tels que l’empathie, l’expérience et le jugement nuancé. Néanmoins, les LLM offrent des possibilités prometteuses comme nouvelles sources d’information médicale et comme aide à l’orientation des patients dans un environnement où les informations médicales disponibles en ligne peuvent paraître déroutantes et accablantes.
Auteur : Dr Fabian Aschwanden, médecin assistant, Hôpital cantonal de Lucerne