
Obstruction vésicale chez l’homme jeune : que faire ?
FUNCTIONAL UROLOGY Naples – Jusqu’à 20 % des hommes de moins de 50 ans présentent des symptômes modérés du bas appareil urinaire (LUTS), dont les causes diffèrent de celles observées chez les sujets plus âgés. Chez les jeunes hommes, l’obstruction primaire du col vésical (PBNO) et la miction dysfonctionnelle (DV) sont les causes fonctionnelles les plus fréquentes d’une obstruction à l’évacuation vésicale. La PBNO se définit par une ouverture inadéquate du col vésical lors de la miction, tandis que la DV se caractérise par un relâchement incomplet ou irrégulier des sphincters chez des patients sans atteinte neurologique. La prévalence exacte de ces affections reste inconnue, mais des études menées sur des cohortes symptomatiques sélectionnées indiquent des taux allant jusqu’à 54 % pour la PBNO et 43 % pour la DV. La revue présentée ici évalue les procédures diagnostiques et les résultats thérapeutiques chez les hommes âgés de 18 à 50 ans souffrant de LUTS liés à une PBNO ou une DV. Pour ce faire, une équipe internationale dirigée par Massimiliano Creta, du Département des neurosciences, des sciences de la reproduction et d’odontostomatologie de l’Université de Naples « Federico II », en Italie, et Michael Baboudjian, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (APHM), en France, a réalisé une revue systématique de la littérature incluant 25 études.
La vidéo-urodynamique a été identifiée comme l’examen diagnostique de référence. Les symptômes cliniques, l’urofluxométrie et l’échographie ne permettent pas de distinguer de manière fiable les différentes étiologies des LUTS. Le traitement de première ligne de la PBNO repose sur les alpha-bloquants (AB), suivis, en cas d’échec, par une incision du col vésical (BNI). Les patients traités par AB ont montré une amélioration moyenne de 7,0 points de l’IPSS (International Prostate Symptom Score) et une augmentation du débit urinaire maximal (Qmax) de 4,0 ml/s après trois mois. Les taux de troubles de l’éjaculation (EjD) et d’échec thérapeutique variaient respectivement de 47 à 50 % et de 23 à 52 %. Chez les patients ayant bénéficié d’une BNI, les gains étaient de 11,2 points (IPSS), 6,9 ml/s (Qmax), avec une fréquence d’EjD allant de 0 à 88,8 % et un taux d’échec de 11,1 à 13,3 %. Un traitement expérimental de deuxième intention, l’onabotulinumtoxine A, a permis une amélioration moyenne de l’IPSS de 14,1 points et du Qmax de 9,1 ml/s après deux mois, sans EjD rapporté. Toutefois, les bénéfices ont diminué avec le temps. Selon les auteurs, dans la prépublication électronique du journal scientifique EUROPEAN UROLOGY FOCUS parue en février 2025, la thérapie comportementale associée au biofeedback constitue la seule option validée pour les patients atteints de DV, avec une amélioration des symptômes d’au moins 50 % chez 83 % des patients après trois mois de traitement. (fa/um)
Auteurs : Creta M, Baboudjian M, Sakalis V, Bhatt N, Nunzio C, Gacci M, Herrmann TRW, Karavitakis M, Malde S, Moris L, Netsch C, Rieken M, Schouten N, Tutolo M, Yuan Y, Hashim H, Cornu JN. Correspondance : Massimiliano Creta, Department of Neurosciences, Reproductive Sciences and Odontostomatology, University of Naples “Federico II”, Naples, Italy. Courriel : max.creta@gmail.com Étude : Management of Primary Bladder Neck Obstruction and Dysfunctional Voiding in Young Men: A Systematic Review and Meta-analysis. Source : EUROPEAN UROLOGY FOCUS. 2025 Feb 17:S2405-4569(25)00012-4. doi: 10.1016/j.euf.2025.01.011. Epub ahead of print. PMID: 39965997. Web : https://www.eu-focus.europeanurology.com/article/S2405-4569(25)00012-4/abstract
COMMENTAIRE L’étude de Creta et al. s’intéresse à des tableaux cliniques qui, jusqu’à présent, ont suscité peu d’intérêt, tant de la part de la recherche scientifique que dans la pratique urologique quotidienne. De manière générale, le niveau de preuve reste faible, en raison du nombre limité d’études disponibles. Celles-ci reposent souvent sur de faibles effectifs, une conception majoritairement rétrospective, des populations hétérogènes, l’absence de comparateurs directs et des durées de suivi courtes. Dans ce contexte, il est recommandé – dans le cadre d’un processus décisionnel partagé et multidisciplinaire – d’informer les patients de manière détaillée sur les bénéfices et les risques des options thérapeutiques, qu’elles soient standardisées ou encore expérimentales.
Auteur : Dr Fabian Aschwanden, médecin-assistant à l’Hôpital cantonal de Lucerne