
FUTURE : une étude qui relativise l’intérêt des tests urodynamiques invasifs
NEUROUROLOGY Aberdeen – Une étude multicentrique, ouverte et randomisée a évalué les bénéfices cliniques et économiques des explorations urodynamiques invasives (UDS) chez des femmes présentant une hyperactivité vésicale ou une incontinence urinaire mixte à dominante d’urgence, réfractaires au traitement conservateur. L’étude FUTURE, conduite dans 63 hôpitaux du Royaume-Uni, a été dirigée par Mohamed Abdel-Fattah du Centre d’études sur la santé des femmes de l’université d’Aberdeen. Les résultats ont été publiés dans LANCET (mars 2025).
Entre 2017 et 2021, 1 099 femmes ont été randomisées pour recevoir soit une évaluation clinique seule, soit une évaluation complétée par des tests urodynamiques invasifs. L’examen clinique incluait une anamnèse détaillée, un examen physique, un calendrier mictionnel de trois jours et une scintigraphie vésicale pour mesurer le volume résiduel, avec ou sans débitmétrie non invasive. Dans le groupe UDS, les patientes ont en plus bénéficié d’une cystométrie avec études pression-débit. Toutes les participantes ont ensuite eu accès à un traitement invasif, tel que l’injection de toxine botulinique A ou la neuromodulation sacrée. Le critère principal était le succès thérapeutique à 15 mois, évalué par les patientes elles-mêmes à l’aide de l’échelle PGI-I (Patient Global Impression of Improvement). Les critères secondaires incluaient la fréquence des urgences mictionnelles et des épisodes d’incontinence, les paramètres du journal mictionnel, les effets indésirables, la qualité de vie (EQ-5D-5L) et le coût-efficacité.
Aucune différence significative n’a été observée pour le critère principal : 23,6 % des femmes du groupe UDS se déclaraient améliorées contre 22,7 % dans le groupe témoin (odds ratio ajusté 1,03 ; IC 95 % : 0,78 – 1,37 ; p = 0,60). Les analyses secondaires n’ont pas montré d’avantage lié aux UDS. L’examen n’était par ailleurs pas rentable. Certes, les UDS ont conduit à une modification du diagnostic clinique dans 13 % des cas, par exemple en identifiant une incontinence d’effort opérable, mais cela n’a pas amélioré les résultats thérapeutiques globaux. En outre, de nombreuses patientes ont décrit la procédure comme invasive, inconfortable, voire douloureuse. (la/um)
Auteurs: Abdel-Fattah M, Chapple C, Cooper D, Breeman S, Bell-Gorrod H, Kuppanda P, Guerrero K, Dixon S, Cotterill N, Ward K, Hashim H, Monga A, Brown K, Drake M, Gammie A, Mostafa A, Bruce R, Bell V, Kennedy C, Evans S, MacLennan G, Norrie J; FUTURE Study Group. Correspondance: Prof Mohamed Abdel-Fattah, Aberdeen Centre for Women’s Health Research, University of Aberdeen, Aberdeen AB25 2ZD, UK. E-Mail: m.abdelfattah@abdn.ac.uk Étude: Invasive urodynamic investigations in the management of women with refractory overactive bladder symptoms (FUTURE) in the UK: a multicentre, superiority, parallel, open-label, randomised controlled trial. Source: Lancet. 2025 Mar 29;405(10484):1057-1068. doi: 10.1016/S0140-6736(24)01886-5. Epub 2025 Mar 22. PMID: 40132616. Web: https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01886-5/fulltext
COMMENTAIRE Détruire les mythes ? Oui ! L’étude FUTURE montre que les examens urodynamiques invasifs chez les femmes souffrant d’hyperactivité vésicale, pour lesquelles les traitements conservateurs ont échoué et pour lesquelles des thérapies plus invasives sont envisageables, n’améliorent ni l’évolution clinique, de même qu’ils n’accélèrent pas la guérison, et n’apportent aucune valeur ajoutée économique (dans le système de santé britannique). L’étude FUTURE remet en question les idées reçues : même si nous disposons de plus en plus de moyens pour mesurer les symptômes des patients, l’évaluation clinique reste fondamentale et constitue la pierre angulaire du choix du traitement pour cette population de patients. L’étude est limitée en raison de l’exclusion des femmes souffrant de vessie neurogène, de la non-prise en compte de l’appartenance ethnique (généralisation possible ?) et du suivi limité à 15 à 24 mois. En outre, il existe peut-être un sous-groupe de patientes susceptibles de bénéficier de l’UDS, mais cela n’a pas été souligné dans l’étude. Néanmoins, l’étude FUTURE remettra en question les lignes directrices et préconisera leur suppression au profit de meilleurs résultats pour les patients et de coûts de santé limités.
Auteur : Dr. med. Luca Afferi, chef de clinique en urologie, Hôpital cantonal d’Aarau AG